Les championnats du monde de poker
L'incroyable histoire des WSOP
Comme l’a si bien dit Doyle Brunson, « Le poker est facile à apprendre, mais impossible à maîtriser. »
Les World Series of Poker, plus connues sous l’acronyme WSOP, s’imposent depuis plus d’un demi-siècle comme le rendez-vous absolu pour tous les passionnés de poker.
L’aventure commence en 1970, quand Benny Binion, propriétaire du légendaire Horseshoe Casino à Las Vegas, invite sept des meilleurs joueurs de l’époque pour un tournoi inédit. Ce premier événement n’est pas un tournoi au sens moderne, mais une simple partie de cash game. Pour désigner le champion, les joueurs procèdent à un vote. Évidemment, avec l’ego bien connu des joueurs de poker, chacun vote pour lui-même !
Un second tour est donc organisé, cette fois pour élire le deuxième meilleur joueur. Résultat ? C’est Johnny Moss qui est désigné comme le tout premier champion des WSOP, lançant ainsi une légende.
Hommage à une légende : Doyle Brunson
On ne peut pas raconter l’histoire des WSOP sans évoquer la figure emblématique de Doyle Brunson, surnommé “Texas Dolly”. Double champion du Main Event en 1976 et 1977, auteur du célèbre Super/System, considéré par beaucoup comme la première grande œuvre stratégique du poker moderne, Doyle a profondément marqué l’univers du jeu. Son allure reconnaissable entre toutes – chapeau de cow-boy vissé sur la tête, regard pénétrant – faisait de lui une icône respectée, autant pour son style que pour la précision redoutable de ses lectures.
En 2017, j’ai eu l’occasion de le voir brièvement dans la poker room de l’Aria, à Las Vegas, en pleine partie de cash game à très haute limite aux côtés de Gus Hansen. Ce moment suspendu, presque irréel, illustrait toute la puissance silencieuse que ces légendes dégagent simplement par leur présence.
Sa disparition, en 2023, a bouleversé la communauté. Elle symbolise la fin d’une époque, mais son influence perdure aujourd’hui encore, dans chaque édition des WSOP, dans chaque main disputée avec passion, et dans la mémoire vivante de tous ceux qui aiment ce jeu.
Dates et événements marquants
- 1970 : 1ère édition, victoire de Johnny Moss
- 1971 : premier vrai tournoi avec droit d’entrée (buy-in) – 5 000 $
- 1989 : Phil Hellmuth, à 24 ans, devient le plus jeune vainqueur du Main Event
- 2000 : Chris Ferguson remporte le Main Event (1,5 M$)
- 2003 : Chris Moneymaker, un amateur qualifié en ligne pour 86 $, remporte 2,5 M$
- 2005 : les WSOP déménagent au Rio All-Suite Hotel & Casino
- 2022 : les WSOP déménagent au Paris Las Vegas et Horseshoe (ex-Bally’s)
- 2025 : 100 bracelets en jeu, buy-ins de 300 $ à 250 000 $
Les WSOP aujourd’hui
Les WSOP 2024 et 2025 se déroulent chaque année de fin mai à mi-juillet. Le programme comprend plus de 100 événements : No Limit Hold’em, Pot Limit Omaha, Razz, 2-7 Triple Draw… Chaque tournoi décerne un bracelet WSOP, considéré comme l’équivalent d’une médaille olympique dans le monde du poker.
Certains joueurs comme Phil Hellmuth (recordman avec 17 bracelets) ou Daniel Negreanu (Kid Poker) sont devenus de véritables stars mondiales.
Le Main Event : la consécration ultime
Le Main Event des WSOP est un tournoi de No Limit Hold’em à 10 000 $ de buy-in. C’est l’événement le plus attendu chaque année.
- Des milliers de joueurs y participent (plus de 10 000 en 2023)
- Des millions de dollars sont en jeu (plus de 12 M$ au vainqueur en 2023)
Accessibilité : satellites et petites mises
Grâce aux satellites, il est possible de se qualifier pour des tournois à très bas prix, voire gratuitement en ligne. Le parcours de Chris Moneymaker en 2003 illustre bien ce phénomène. C’est ce qui rend les WSOP accessibles à tous.
Catégories de buy-ins
Gamme de tournois | Fourchette de buy-in | Type de joueurs visés |
Low Buy-in | 300 $ à 1 000 $ | Amateurs, débutants, bankroll modeste |
Mid Buy-in | 1 000 $ à 10 000 $ | Joueurs réguliers |
High Roller | 10 000 $ à 250 000 $ | Pros VIP, investisseurs |
Les joyaux de la couronne : bracelets & Main Event
Le bracelet, Graal de Poker Las Vegas
Porter un bracelet WSOP équivaut à graver son nom dans l’histoire du jeu ; les plus titrés sont :
- Phil Hellmuth – 17 bracelets (record absolu)
- Johnny Chan, Doyle Brunson, Phil Ivey – 10 bracelets chacun
Une Expérience de Jeu Inégalée
Le Main Event : 10 000 $ pour un titre éternel
- Format : Texas Hold’em No‑Limit · Starting stack 60 000 jetons
- Structure : niveaux 120′ → 90′
- Champ 2024 : 10 112 joueurs
- Premier prix : 10 000 000 $
Le vainqueur reçoit également la couverture médiatique mondiale.
Les Frenchies à l’honneur
Comment parler des WSOP sans mentionner Grégory Chochon ? Véritable chef d’orchestre du plus grand festival de poker au monde, il coordonne chaque année une équipe impressionnante de techniciens, superviseurs, dealers, et toutes les personnes qui nous permettent de vivre cet événement magique. Il faut les remercier de nous offrir cette chance exceptionnelle d’assister à un spectacle aussi bien huilé.
Et côté joueurs, la France peut être fière. Plusieurs tricolores ont décroché des bracelets WSOP au fil des années :
- Julien Martini (triple vainqueur)
- Bertrand “ElkY” Grospellier
- David Benyamine
- Alexandre Reard
… et bien d’autres noms prestigieux qui font rayonner le poker français à l’international.
Pourquoi les WSOP fascinent-ils toujours ?
Rêve accessible : grâce aux satellites, un joueur amateur peut défier les pros et changer sa vie.
- Spectacle permanent : cartes révélées, stream multimillionnaire, drama garanti.
- Capitale mondiale du jeu : Las Vegas offre un décor unique où se rencontrent lumières du Strip et frisson des tapis.
- Innovation continue : format Mystery Bounty ou Short Deck.
- Communauté : chaque été, la planète poker se rassemble, partage bad beats et coups de génie… et fête ça au Beer Park !
Cette année, je réaliserai moi-même un rêve : Cindy et moi ferons nos premiers pas dans les low buy-ins. Qu’il s’agisse de vibrer dans l’arène ou de décrocher un mini-cash, l’émotion promet d’être inoubliable.
Autres facettes des WSOP :
Des formats exotiques pour joueurs complets
Au-delà du célèbre No-Limit Hold’em, les WSOP proposent chaque année des formats moins médiatisés mais adorés des puristes : 2-7 Lowball Triple Draw, H.O.R.S.E., Razz, ou encore le Short Deck.
Ces variantes testent les compétences techniques et l’adaptabilité des joueurs.
Remporter un bracelet dans ces disciplines, c’est prouver sa polyvalence face à l’élite mondiale.
Le WSOP Paradise & les circuits internationaux
Depuis quelques années, les WSOP se déclinent à l’international : WSOP Europe, WSOP Paradise (aux Bahamas), et même une version WSOP Online.
Ces extensions permettent à la marque de rayonner à travers le monde et à de nouveaux joueurs de vivre l’expérience WSOP sans se rendre à Las Vegas.
Pour les passionnés, c’est une opportunité de disputer des tournois prestigieux dans des cadres paradisiaques… mais toujours avec la même intensité.
Moments cultes et coups de légende
Impossible d’évoquer les WSOP sans repenser à ces séquences devenues emblématiques, gravées dans la mémoire collective des passionnés. Qui n’a pas ressenti un frisson en revoyant le heads-up mémorable entre Erik Seidel et Johnny Chan en 1988, immortalisé au cinéma ? Ou en repensant à la résurrection improbable de Stu Ungar en 1997, après des années d’errance personnelle ? Sans oublier l’histoire à peine croyable de Chris Moneymaker, amateur au nom prédestiné, qui a bouleversé à lui seul l’économie du poker mondial.
Les WSOP sont, au fil des décennies, devenus un réservoir inépuisable de moments mythiques : confrontations tendues entre joueurs amateurs et professionnels chevronnés, bluffs insensés, éliminations cruelles, triomphes inespérés. Il y a des larmes, des hurlements, des silences étouffants, et parfois, un simple regard en dit plus que mille mots.
Aujourd’hui encore, après avoir quitté le Rio pour les salles du Paris et du Horseshoe, ce tournoi perpétue l’héritage dramatique et fascinant de ces contes modernes, où tout peut basculer sur un jeton.
Parmi les histoires les plus marquantes figure celle de Jack “Treetop” Straus : en 1982, alors qu’il ne lui restait qu’un seul jeton, il parvint à remonter toute la pente pour décrocher la victoire finale. Un exploit qui donna naissance à l’adage culte du poker : « Un jeton et une chaise ».
Parmi les voix emblématiques qui ont porté le poker au sommet, Mike Sexton occupe une place toute particulière. Ancien joueur professionnel, commentateur passionné et grand ambassadeur du jeu, il a su incarner avec élégance les valeurs du poker moderne. Sa disparition en 2020 a ému toute la communauté. Mais ses mots résonnent encore aujourd’hui, comme un écho intemporel dans les couloirs du Rio, du Paris ou de l’Aria.
Depuis 1970, les WSOP illustrent parfaitement sa célèbre citation :
« Un jeu qu’on met une minute à apprendre… mais toute une vie à maîtriser. »
Entre audace, stratégie et éclat, le poker à Las Vegas s’est imposé comme une épopée moderne. À travers ses records vertigineux, ses héros inattendus et ses scènes devenues cultes, le Championnat du monde de Poker forge, année après année, la légende vivante d’un jeu devenu mythe.